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À l’aube des Lumières et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les intellectuels se confrontent à la Chine et prononcent leur jugement sur ce prétendu modèle : nul qui n’ait feuilleté les écrits des missionnaires et qui n’en fasse usage ; nul même qui ne croie de bon ton de faire référence à Confucius (孔子 Kong zi), jusque dans des orthographes aberrantes, tel Blaise Pascal qui croit en imposer en disant Keum-fucum. Présentée unanimement comme la nation de la tolérance religieuse totale et d’un gouvernement limité, qui se garde d’intervenir dans la marche du monde, de peur d’en briser l’harmonie, la Chine ne pouvait manquer d’intéresser les philosophes et les économistes défenseurs de la liberté. Et en effet elle est omniprésente chez Voltaire et Bayle, comme chez d’Argenson, Quesnay ou Turgot. Quelle fut, cependant, la valeur de ce modèle ? Comment fonctionna-t-il ? Quelle en fut la portée ? Enfin, la Chine ne fut-elle qu’un exemple commode, ou fut-elle proprement une inspiration, qui forcerait à parler désormais des origines chinoises du libéralisme ? Pour répondre à ces questions, Benoît Malbranque ouvre, sur la base de documents nouveaux, et d’une littérature en une dizaine de langues, l’examen de cette époque fameuse, dont on ne saurait plus offrir un récit strictement franco-français.
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