jeremy-benthamAssocié à l’édition des Mélanges d’économie politique (éd. Guillaumin, 1848), le jeune Gustave de Molinari fut chargé de composer des notices biographiques sur chacun des auteurs du recueil. À l’endroit de Bentham, Molinari exprime les plus sincères éloges, saluant sa doctrine de l’utilité et la défendant même contre des sceptiques issus du rang des économistes libéraux français de son époque, comme L. Reybaud. B.M.


 

Notice sur Bentham, par Gustave de Molinari

Mélanges D’économie Politique, t.II, 1848

 

Bentham (Jérémie), le chef célèbre de l’école des Utilitaires, naquit le 15 février 1748 à Houndsdisch. Son père était membre de la compagnie des notaires de Londres. Dès sa plus tendre enfance, Bentham manifesta des dispositions extraordinaires ; il était, à l’âge de six ans, la merveille de l’école de Westminster. L’homme devait tenir, et au delà, toutes les promesses de l’enfant. Cependant Bentham subit un échec au début de sa carrière. Son père avait voulu en faire un avocat, croyant lui ouvrir ainsi le chemin des honneurs et de la fortune, mais il s’aperçut bientôt qu’il s’était trompé. « Le vieux Bentham, dit M. Louis Reybaud dans ses remarquables Études sur les réformateurs modernes, avait épousé en secondes noces Mme Abbot, mère de Charles Abbot, depuis lord Colchester. Jérémie et Charles débutèrent au barreau presque en même temps, et le père suivait avec le plus grand intérêt cette rivalité de famille. Ses vœux inclinaient naturellement pour l’enfant de son sang, et prévenu comme il l’était en faveur de Jérémie, il ne concevait pas le moindre doute sur l’issue de la lutte. Cependant les illusions paternelles durent céder à l’évidence. Charles Abbot marchait dans la carrière, d’un pas ferme et heureux, signalant chacun de ses essais par un triomphe, pendant que Jérémie, sur qui reposaient tant d’espérances, Jérémie, qui devait être la gloire du barreau de la magistrature, conquérir les sièges les plus élevés des cours de justice, et arriver même jusqu’aux sceaux de l’État, loin de justifier ce favorable augure, ce Jérémie, l’orgueil des siens, perdait chaque jour du terrain, et désertant la jurisprudence, inclinait involontairement vers l’improductive étude de la philosophie[1]. » Mais cet apprentissage de la chicane ne fut pas inutile à Bentham ; il vit, il toucha lui-même les abus de la législation anglaise, et il sentit la nécessité de les réformer. Il se mit donc à étudier les lois, non plus en praticien, mais en philosophe et en réformateur. Le premier résultat de ses études fut une Réfutation des Commentaires de Blackstone, publiée en 1776, sans nom d’auteur, sous ce titre : A fragment on government, being an examination of what is delivered on the subject in Blackstone’s commentaries. Ce fragment, dans lequel le jeune philosophe démolissait avec la logique serrée et vigoureuse qui le caractérise les sophismes de Blackstone, commença sa réputation ; depuis cette époque, jusqu’en 1832, année de sa mort, Bentham marcha sans se laisser arrêter un seul jour dans la voie qu’il s’était tracée. Aucun homme n’a plus travaillé que Bentham ; aucun homme, sauf peut-être Franklin, avec qui le chef des Utilitaires offre du reste certains points de ressemblance, n’a su mieux diviser et économiser son temps. L’existence de Bentham a été, au reste, consacrée toute entière aux spéculations de la philosophie. Bentham ne se mêla jamais au mouvement des affaires publiques.

Un instant, il faillit y être entraîné. C’était en 1781 ; il était devenu le commensal de lord Shelburne, depuis marquis de Landsdowne, qui lui avait accordé l’hospitalité dans sa magnifique résidence de Bowood. À cette époque, Bowood était le rendez-vous d’une foule de célébrités. On y voyait Camdeu, le célèbre jurisconsulte, avec son collaborateur Dunning, Bankes, Chatham, le jeune William Pitt, Samuel Romilly, Étienne Dumont de Genève. Un jour, lord Landsdowne offrit à Bentham de le faire nommer dans l’un des bourgs dont disposait la famille Shelburne ; Bentham parut d’abord n’attacher aucune importance à cette offre, mais ayant réfléchi, il pria instamment lord Landsdowne de tenir sa promesse. Le moment était mal choisi : lord Landsdowne, retiré des affaires, ne possédait plus qu’une influence assez restreinte ; il tacha donc d’éconduire poliment notre philosophe ; mais celui-ci, tenace et naïf, avait pris l’affaire au sérieux, et il écrivit un Mémoire de soixante-et-une pages à son noble amphytrion, pour lui démontrer la nécessité de tenir une promesse donnée un peu en guise d’eau bénite de cour. Lord Landsdowne eut toutes les peines du monde à extraire de la large cervelle de notre philosophe cette idée de la députation qu’il y avait implantée si imprudemment. Bentham s’absorba alors tout entier dans ses travaux de cabinet ; associé avec Étienne Dumont, qu’il avait rencontré à Bowood, il publia en français quelques-uns de ses plus importants ouvrages, les Traités de législation civile et pénale, la Théorie des peines et récompenses, etc. Auparavant, toutefois, il alla faire un voyage dans la Russie méridionale, où résidait son frère Someul qui était entré au service de la Russie. Ce fut dans ce voyage, et sur les bords de la mer d’Azoff, qu’il écrivit sa célèbre Défense de l’usure, sous ce titre : Defense of Usury, showing the impolicy of the present legal restraints on pecuniary bargains. Chef-d’œuvre de logique et de raison, la Défense de l’usure a beaucoup contribué à détruire les préjugés favorables à la fixation légale du taux des prêts à intérêts. Vingt ans auparavant, Turgot, dans son Mémoire sur les prêts d’argent, avait défendu comme Bentham, et avec non moins d’éloquence, la cause des préteurs à intérêts, et probablement est-ce dans le Mémoire de Turgot, que le philosophe anglais a puisé l’idée de ses fameuses lettres. Quoi qu’il en soit, la Défense de l’Usure suffit pour lui marquer une belle place parmi les économistes. Bentham a consacré aussi de nombreux ouvrages à la réforme pénitentiaire ; il est, pour ainsi dire, le père de cette réforme qui a commencé à s’accomplir en Amérique et qui se poursuit aujourd’hui dans l’Europe entière. En 1791, parut son Panopticon or the Inspection House, containing the idea of a new principle of construction applicable to any place of confinement, 3 vol. Le pénitentiaire modèle de Bentham avait été adopté par la commune de Paris, mais les événements de 1792 en empêchèrent l’exécution. Eu 1793, la Convention nationale décerna à Bentham le titre de citoyen français en compagnie de Thomas Payne, de Wilberforce, de Clarkson, de Pestalozzi, de Washington, de Klopstock, de Kosciusko et de plusieurs autres notabilités. Bentham adressa à la Convention une lettre de remerciements, dans laquelle on trouve une éloquente réclamation en faveur des émigrés. La même année, il publiait une Letter to a member of the national Convention, sur la nécessité de déclarer les Colonies indépendantes.

Nous donnons plus loin, d’après la Biographie universelle, la liste des nombreux ouvrages que Bentham a publiés depuis cette époque. De son cabinet, dont il sortait rarement, Bentham exerça la plus grande influence sur ses contemporains : en Angleterre, il entretenait des relations avec les principaux chefs du parti réformiste, Burdett, Hunt, Brougham, Cobbett ; il était lié aussi avec un grand nombre d’hommes éminents dans le reste de l’Europe, entre autres avec notre illustre J.-B. Say, à qui il a légué son portrait enchâssé dans une bague. Vers la fin de sa vie, Bentham eut pour collaborateur le docteur Bowring, qui se chargea de recueillir et de publier ses Mémoires. Bentham mourut le 6 juin 1832. Dans son testament, il enjoignit à ses héritiers de faire porter son corps à l’amphithéâtre de dissection, voulant ainsi être utile à ses concitoyens, même après sa mort. Les héritiers de Bentham crurent devoir respecter ses dernières volontés, et le corps de l’illustre philosophe fut porté à l’amphithéâtre, où il fut disséqué en présence d’un immense concours de monde.

Le plus beau titre de Bentham est la célèbre doctrine de l’utilité. Selon Bentham, il y a une coïncidence naturelle entre le juste et l’utile, le beau et le bon. La vertu n’est autre chose que l’intérêt bien entendu, et les criminels sont avant tout des hommes qui raisonnent mal, qui n’entendent point leurs véritables intérêts. On voit d’un coup-d’œil combien cette doctrine est féconde. Si, comme l’affirme Bentham, rien n’est utile à l’homme que ce qui est juste, si toute déviation de la route de l’honnête se traduit en fin de compte nécessairement en un dommage, combien il devient facile de faire accepter aux hommes la notion et la pratique du devoir ! Pourquoi seraient-ils méchants et vicieux, s’ils ont intérêt à être bons et vertueux ? Avec une telle doctrine, le mal ne peut plus venir que de l’ignorance ; car quel homme éclairé voudrait commettre un acte immoral, si cet acte doit en définitive lui être nuisible ? Ce qui est vrai pour les individus ne l’est pas moins pour les nations. Si toute infraction à la loi de justice entraîne nécessairement un dommage pour celui qui s’en rend coupable, quel peuple voudra désormais abuser de sa force pour opprimer ou spolier ses voisins ? Voyez combien la politique se trouve de la sorte simplifiée. Au lieu de chercher dans les calculs d’un étroit égoïsme ou dans les sombres inspirations de l’envie et de la haine, la règle de sa conduite, un peuple la cherchera uniquement dans la loi de la justice. La politique la plus habile et la plus sage consistera à suivre religieusement les prescriptions du droit des gens ; alors plus d’armées, plus de diplomatie ! À quoi serviraient en effet des gens de guerre et des diplomates ? Chaque nation se trouvant intéressée à être juste, tout conflit devient impossible, ou si quelque difficulté survient, elle est bientôt résolue par le droit sens des deux nations ; l’opinion publique, librement manifestée des deux cotés, indique la solution la meilleure ! Voilà où conduit la théorie de Bentham, et voilà aussi où conduit l’étude approfondie de l’Économie politique. Quand on observe le jeu naturel des intérêts humains, quand on étudie les lois qui président au développement et à la distribution de la richesse, on ne tarde pas à s’apercevoir que toute infraction au droit, à la justice, est toujours, soit médiatement, soit immédiatement, suivie d’une perte, d’un dommage ; d’où il suit qu’on doit condamner, au point de vue de l’utile, toute institution économique qui porte atteinte au principe du juste. L’étude des lois de la nature conduit donc les économistes au même point où l’étude plus spéciale des lois humaines a conduit Bentham, et très probablement c’est à l’Économie politique qu’il sera donné de populariser le principe mis en lumière par le célèbre philosophe anglais.

Dans son livre sur les réformateurs, M. L. Reybaud reproche à la doctrine de Bentham d’être étroite et desséchante. « Les vertus issues de l’utilité, dit-il, sont certainement des vertus plus étroites que celles qui dérivent du détachement : la simple réflexion l’indique et les faits le prouvent. C’est dans ce sens que les doctrines de Bentham ont exercé un effet fâcheux. On en retrouve l’influence dans cette soif immodérée du profit qui tourmente les générations actuelles, dans un besoin de jouissances chaque jour plus vif et plus général. Tous les moyens sont bons pour arriver à la fortune ; ce qui est utile semble toujours assez moral, et l’intérêt s’empare de la société. Sous cette action dissolvante, le calcul se glisse là où régnait le dévouement : dans l’enseignement, dans la magistrature, dans l’armée, dans les lettres, dans les arts, dans les sciences. Il n’est rien qui peu à peu ne devienne matière à spéculation, et dans plusieurs cas cette effervescence des intérêts va jusqu’à prendre le caractère d’une émotion publique. Des individus la contagion passe jusqu’aux États. Les peuples ne se battent plus pour un faux point d’honneur, mais ils se battent déjà pour la richesse. De mille côtés on se précipite vers l’utile de toute la vitesse du désir, en laissant le long du chemin ce qui fit la parure des générations antérieures : le désintéressement, l’abnégation, la modération dans la soif du bien-être. Ces ravages sont évidents, et il est impossible de n’y pas reconnaître l’action des doctrines de Bentham et de ses disciples[2]. »

Il nous semble que M. L. Reybaud se montre injuste à l’égard de Bentham et de ses disciples. Les maux qu’il déplore ne sont nullement contenus dans la doctrine de l’utilitarisme. Cette doctrine ne préconise pas plus les jouissances matérielles que les jouissances immatérielles, et ce n’est pas elle, certes, qui pousserait les peuples à se battre pour la richesse. Bentham envisage les choses de ce monde d’un point de vue plus élevé et plus large. Il spécule, il raisonne à la vérité, sur le bien et le mal, mais dans ses raisonnements et dans ses calculs fait-il un seul moment abstraction de la loi morale ? Tous ses raisonnements et tous ses calculs n’ont-ils pas pour objet de confirmer l’existence de cette loi et son utilité ? Serait-ce donc rabaisser la morale, la vertu, que de montrer qu’elle est utile, même en ce monde ? Sans doute, il serait fâcheux de n’arriver que par le calcul et par le raisonnement à l’observation de la loi morale ; mieux vaut y arriver naturellement, en obéissant à son instinct. Mais quand cet instinct est faible, quand le sens moral, pour nous servir de l’expression usuelle, est peu développé, n’est-il pas bon de le fortifier par le raisonnement et par le calcul ? N’est-il pas bon d’apporter au sentiment qui est notre guide naturel dans les actions de la vie, l’appui de notre intelligence ? Voilà ce que fait Bentham. S’il recommandait aux hommes de recourir au critérium de l’utile, alors même que ce critérium devrait dans la pratique être en contradiction avec celui du juste, oh ! alors, nous comprendrions les reproches de M. L. Reybaud et nous nous y associerions ; mais il n’en est pas ainsi : toute la doctrine de Bentham est fondée sur la coïncidence de ces deux principes, et nous ne croyons pas, en vérité, que les âmes dussent se trouver abaissées, parce qu’on leur aurait démontré, fût-ce par un calcul mathématique, qu’il y a plus d’utilité dans une action morale que dans une action immorale. Une semblable démonstration relève le principe de l’utilité, sans amoindrir aucunement celui du juste !

Pour les hommes qui possèdent à un haut degré le sens moral, la doctrine de Bentham, nous en conviendrons volontiers, n’a pas une grande utilité ; car dans ces âmes privilégiées, la loi du juste est la règle souveraine des actions : jamais un homme dont la moralité est parfaite ne s’arrêtera un instant à considérer les conséquences utiles ou nuisibles d’un de ses actes. Cependant, si cet homme croyait que la justice et l’utilité sont des principes antagonistes, au lieu d’être harmoniques, s’il n’était pas assuré qu’une action juste ne saurait nuire ni à lui-même ni aux autres, ne demeurerait-il pas plongé dans une perpétuelle inquiétude ? ne serait-il pas sans cesse ému de la crainte d’avoir nui aux autres, même par ses actions les plus morales, les plus honnêtes ? Ce repos du juste qui consiste dans la conscience intime de n’avoir nui à personne, ne serait-il point atteint profondément, et la vie ne deviendrait-elle pas pour l’honnête homme, comme pour le criminel, une succession continuelle d’inquiétudes et de tourments ?

Mais pour les âmes dans lesquelles la règle morale est faible, incertaine, combien plus salutaire encore est l’utilité d’une pareille doctrine ! Supposez qu’il y ait un antagonisme fatal entre le juste et l’utile, et aussitôt vous verrez la foule déserter le juste pour l’utile ! vous verrez toute considération de justice s’affaiblir dans le commun des âmes, et toute moralité disparaître de leurs actes. Alors le seul frein qu’on pourra opposer au désordre des passions, résidera dans la force ou dans une superstition grossière et l’ordre ne pourra être maintenu qu’avec l’auxiliaire de l’esclavage et de l’ignorance. Enseignez au contraire que la justice est la plus utile règle de conduite, enseignez aussi que l’honnêteté est la meilleure politique (honesty is the best policy), et aussitôt toute entrave, toute gêne apportées à la liberté humaine deviendront inutiles, aussitôt vous verrez le commun des hommes devenir, dans la pratique, moraux, honnêtes sous l’impulsion de l’intérêt. Sans doute, il vaudrait mieux qu’ils le devinssent par le fait d’un platonique amour pour l’honnêteté, pour la vertu ; mais cet amour, la doctrine de l’utilité n’empêche pas de les leur inspirer. Au contraire ! en les habituant à pratiquer la vertu sous l’influence d’un mobile inférieur, il est vrai, cette doctrine ne contribue-t-elle pas à le leur faire connaître ? Et, si peu morale que soit une nature, la connaissance de la vertu ne suffit-elle pas souvent pour lui en inspirer le goût ? Alors qu’arrive-t-il ? Il arrive le plus souvent que l’homme qui d’abord a été honnête par intérêt, le devient par amour pour l’honnêteté ? il arrive que l’utile le met sur la voie du juste. Vaudrait-il mieux que cet homme eût continué de croupir dans la fange de l’immoralité ? Non ! à coup sûr ! C’est donc se montrer bien injuste que d’accuser la théorie de Bentham d’éloigner les âmes de la moralité, tandis qu’elle est un des plus puissants et des plus admirables véhicules qui puissent y conduire.

À part cette appréciation inexacte, selon nous, de la moralité de la doctrine des Utilitaires, le brillant auteur du livre des Réformateurs a pleinement rendu justice au noble caractère et à la belle intelligence de Jérémie Bentham.

On divise ordinairement les ouvrages de Bentham en deux séries : la première comprend les ouvrages qui ont été publiés par Dumont, de Genève, sur les manuscrits de l’auteur ; la seconde, les ouvrages publiés en anglais, soit par Bentham, soit par son collaborateur Bowring.

La première comprend :

I. Introduction aux principes de morale et de jurisprudence. 1789,Londres,in-4. — II. Traités de législation civile et pénale. Paris, 1802, 3 vol. in-8. — III. Théorie des peines et des récompenses. Paris, 1812, 2 vol. in-8. — IV. Pièces relatives à la codification et à l’instruction publique, comprenant une correspondance avec l’empereur de Russie et diverses autorités constituées des États-Unis d’Amérique. Londres, 1817, 1 vol. in-8. — V. Traité des preuves judiciaires. Paris, 1823, 1 vol. in-8. —VI. De l’évidence judiciaire spécialement appliquée à la pratique anglaise. Londres, 1827, 5 forts vol. in-8. — VII. Panoptique, ou Maison d’inspection. Londres, 1791, 2 vol. in-12.— VIII. Code proposé à toutes les nations qui professent des idées libérales. Londres, 1822, 72 pag. in-8. — IX. Code constitutionnel. Londres, 1830. — X. Essai sur la tactique des assemblées politiques, suivi d’un traité des sophismes politiques. Genève, 1816, 2 vol. in-8. — À ces dix ouvrages, il faut ajouter la Déontologie, ou Théorie des devoirs, traduit par M. Benjamin Laroche. Paris, 1833. Réunis, ces ouvrages forment tout un corps de législation.

La seconde série comprend :

I. Fragments sur les gouvernements.Londres,1775. — II. Coup d’œil sur le bill relatif aux travaux forcés. Londres, 1778. — III. Défense de l’usure, ou Lettres sur l’inconvénient des lois qui fixent le taux de l’intérêt de l’argent. Londres, 1787, traduit en français sur la 4e édit. in-8 de 19 feuilles. Paris, 1827. À cette traduction se trouve annexé le Mémoire sur les prêts d’argent, de Turgot, et une introduction de M. Bazard, qui depuis fut l’un des chefs de la doctrine Saint-Simonienne. — IV. Esquisse d’un Code pour l’organisation judiciaire de la France. — V. Lettre à un membre de la Convention nationale. Londres, 1793. — VI. Émancipez vos colonies. Londres, 1793 (adressé à l’Assemblée législative). — VII. Finances sans charges ou échute au lieu de taxes. —VIII. Protestation contre les taxes, traduit en français dans la bibliothèque universelle de Genève. — IX. Plan d’administration pour les pauvres. 1797, traduit en français par Duquesnoy. — X. Lettre à lord Pelham, sur Botany-Bay. 1802. — XI. Plaidoyer pour la constitution. 1803 (toujours contre l’établissement de Botany-Bay, que l’on ne peuple, dit l’auteur, que par une violation de la Constitution). — XII. Réforme écossaise. 1806. Lettres à lord Grandville sur l’administration de la justice en Écosse. — XIII. Défense de l’économie contre Burcke. 1810-11. —XIV. Éléments de l’art d’assortir un jury. 1810-11. — XV. Sur la loi relative à la conviction. 1812. — XVI. Ne jurez pas. 1813 (Pamphlets contre le serment). — XVII. Tableau des motifs et des sources des actions. 1817. — XVIII. Chrestomathie. 1817, 2 vol. in-8. Divisée en deux parties : l’une traitant de l’Éducation, l’autre relative à la Classification des connaissances humaines. Le neveu de l’auteur sir, G. Bentham, a donné, sous le titre d’Essai sur la nomenclature et la classification des principales branches d’art et de science, Paris, 1823, in-8, un extrait de cet ouvrage. — XIX. Considérations sur l’Église d’Angleterre et son catéchisme. 1817, énorme in-folio de 800 pages, notes, etc. — XX. Plan d’une réforme parlementaire. 1817, in-8 de 400 pages. — XXI. Bill de réforme radicale. 1819, avec notes. — XXII. Observations sur les restrictions et prohibitions apportées au commerce. 1820 (avec de nombreux rapports au décret des cortès espagnols de juillet 1820), rédigé par le docteur Bowring. —XXIII. Traité relatif aux affaires d’Espagne et de Portugal. 1821. — XXIV. Lettres au comte de Toreno, sur le Code pénal des cortès. (Bentham le critique amèrement.) 1822. — XXV. La vérité contre Ashurt. 1822. — XXVI. Principes fondamentaux d’un Code constitutionnel pour chaque État. 1827. — XXVII. Le livre des sophismes. 1824. —XXVIII. Dénonciations qui concernent lord Eldon. 1827 (contre les frais de justice, la rapacité des gens de loi). — XXIX. Pétition en faveur de la justice et de la codification. — XXX. J. Bentham à ses concitoyens les Français sur la peine de mort. — XXXI. J. Bentham à la chambre des pairs de France. — XXXII. Déclaration des principes des candidats parlementaires. — XXXIII. Du bill de banqueroute, etc. 1832.

On trouve des notices sur Bentham, dans la traduction allemande des Traités de législation, par Benecke ; dans l’Orbituary anglais de 1832 ; dans le Supplément à la Biographie universelle, article de M. Parisot ; des appréciations de sa doctrine et de ses œuvres, dans la préface des Souvenirs de Mirabeau, par Étienne Dumont ; dans les Études sur les réformateurs modernes, de M. Louis Reybaud, etc.

Gustave de Molinari

 

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[1] Études sur les Réformateurs ou Socialistes modernes, t. II, p. 187.

[2] Études sur les Réformateurs modernes, t. II, p. 260.

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