Il est facile de se perdre dans la masse des écrits des économistes français, mais alors, une fois perdu, quel bonheur ! Nombreux sont en effet les chefs-d’oeuvre tout à fait oubliés, dont on peut alors se délecter : des courts romans moquant l’absurdité des corporations ou la tyrannie de l’impôt ; des introductions à l’économie sous forme de dialogues.
Voici, parmi plusieurs chefs-d’oeuvre oubliés, le top 5 de ceux qui nous semblent les meilleurs et les plus adaptés à notre époque :
5. F. Passy, Causeries économiques d’un grand-père
Cours d’économie pour les débutants, sous forme de dialogues entre un grand-père et ses petits-enfants, écrit par un professeur d’économie qui reçut en 1901 le premier Prix Nobel de la Paix de l’histoire, en récompense de son engagement pour la paix et l’harmonie entre les nations.
4. Yves Guyot, Nos préjugés politiques
Si les Français raisonnent encore aujourd’hui si mal sur les questions économiques, cela n’est pas le résultat uniquement d’une inculture économique, mais de préjugés politiques. Yves Guyot, chef de file des économistes français au début du XXème siècle, nous en développe quelques-uns avec finesse et humour : le culte de l’Etat, la recherche d’un homme providentiel, l’indifférence politique, et bien d’autres. À faire lire à tout citoyen responsable.
3. Frédéric Bastiat, Baccalauréat et socialisme
Qui ne critique pas, de nos jours, le baccalauréat ? Trop facile, trop bureaucratique, trop déconnecté des besoins de l’économie française… Avec bon sens et clairvoyance, Frédéric Bastiat, dès 1849, met en pièce ce diplôme d’État, illustration du monopole public sur l’éducation, qu’il juste funeste et injuste. « Le plus urgent n’est pas que l’État enseigne, clame-t-il, mais qu’il laisse enseigner. »
2. Yves Guyot, Les tribulations de M. Faubert. L’impôt sur le revenu
Il fut un temps où nous n’avions pas d’impôt sur le revenu mais quelques grands économistes. En 1898, quand fut proposée l’idée d’un impôt sur le revenu, Yves Guyot publia ce court roman, soulignant les effets néfastes qui seraient irrémédiablement causés : la recherche de l’évitement de l’impôt, l’optimisation fiscale pour les plus riches, et même l’émigration pour raisons fiscales.
1. Gabriel-François Coyer, Chinki : histoire cochinchinoise, applicable à d’autres pays.
En 1768, les corporations de métiers étaient plus puissantes que jamais. Pour exercer un métier, il fallait en acheter l’autorisation, passer par des années d’apprentissage et de compagnonnage. Le système tout entier était ridicule : interdit d’être boucher à Lyon si vous veniez d’une autre ville ; interdit d’employer plus de personnes que le nombre fixé par la loi ; etc. Avant que le ministre Turgot puis la Révolution française ne vienne en finir avec les corporations (qui ont réapparu depuis dans bien des secteurs : boulangers, notaires, taxis, etc.), Coyer sonna la charge en rédigeant ce petit conte de 80 pages, amusant, instructif aussi, pour en finir avec un système si contraire au progrès économique.
Jamais réédités, l’ensemble de ces livres sont désormais disponibles aux éditions de l’Institut Coppet.